Raymonde, la douce obstinée

Raymonde, la douce obstinée

Raymonde

Raymonde à 18 ans

Raymonde FORTASSIER est née le 12 Juillet 1925 à Orthevielle, maison « Brie ». Son frère jumeau, Jean Raymond, meurt quatre jours plus tard de la maladie Bleue. Très bonne élève, elle suit sa scolarité à Orthevielle et obtient son certificat d’études haut la main en 1937. C’est avec un immense chagrin qu’elle quitte l’école. Elle fait sa communion le 15 Août 1937. A l’écoute de tous, son travail est désormais à Brie : seconde maman et soutien des anciens. Mais son rêve secret est de devenir missionnaire en Afrique. Sa vocation est née depuis bien longtemps. Possibilité est d’intégrer une congrégation, à Pau ou Ustarritz qui lui permettrait de réaliser son vœu sans bourse déliée pour les siens. Hélas, la situation familiale à Brie est alors difficile : sa mère Marie Louise est malade, hospitalisée et il y a tant de responsabilités à la ferme ! Lorsque les circonstances s’apaisent, l’abbé SOTERAS fait pression sur Raymonde pour qu’elle parte à Largenté à Bayonne[1] où elle pourrait s’occuper d’enfants…Raymonde accepte tout en sachant qu’elle se trompe. La veille de ce départ pour le couvent, elle fait ses adieux à l’abbé CAMIADE d’Hastingues qui essaie encore de la convaincre de poursuivre son rêve, qu’il est encore temps…

AU COUVENT DE LARGENTÉ A BAYONNE

Mais Raymonde a donné sa parole et le 3 Juillet 1944 au matin, elle part seule avec sa petite valise et prend le train pour Bayonne à la halte d’Orthevielle. La prise de voile a lieu le 3 janvier 1945. Devenue sœur Anne Marie, elle est désormais sœur converse[2], s’occupant des tâches domestiques(jardin, vaisselle, cuisine) et soins apportés aux religieuses âgées. Une hiérarchie impitoyable régit le couvent : Raymonde y perd sa santé(elle n’a pas accès aux enfants bien sûr) et quitte Largenté avant de prononcer ses vœux perpétuels(vers 1947-1948) tout en gardant sa foi.

DE RETOUR DANS SES LANDES NATALES

Le retour au village est difficile : le regard du monde est sévère. Elle n’a plus trop sa place à Brie car sa sœur Odette va s’y marier(mais n’y restera pas). Elle s’occupe alors de la catéchèse à Orthevielle, se forme pour être diplômée. Raymonde travaille à Saint Vincent de Paul lorsque les institutions d’enfants d’Indochine sont rapatriées. Elle suit des formations avec notamment un séjour dans le Loiret auprès des gitans ; puis enseigne à l’Ecole des Sœurs à Hastingues(au tournant des années 50 à 60) où elle est très heureuse et appréciée de tous. A Moliets elle s’occupe d’enfants dans le cadre de la colonie de vacances Magenta. Elle assure aussi la catéchèse à Peyrehorade auprès des tout petits vers 1960. Puis l’occasion se présente de rentrer aux Colibris à Labatut. C’est alors qu’elle se forme et passe avec succès son diplôme d’éducatrice et son permis de conduire.

Raymonde à 49 ans

Raymonde à 49 ans

DE RETOUR A BRIE

Vers 1967, elle est recrutée à Anglet au Nid Basque, maison pour enfants handicapés, qu’elle quitte en 1981-1982 lorsque la santé de Marie Louise se détériore. Désormais, c’est le retour à Brie où elle soigne ses parents jusqu’au bout, tout en étant très active au sein de la paroisse. Fin décembre 1994, elle entre dans l’Ordre des Vierges Consacrées, ordre dans le monde qui aide et visite les personnes âgées[3] . Raymonde se donne sans compter, s’occupe de l’église et du catéchisme et, au fil des années, passe peu à peu le relais. Placée en maison de retraite en 2014, suite à une chute, elle résiste encore une dernière fois et nous quitte le 6 Septembre 2019. L’abbé DUBOURDIEU ne l’appelait pas la « douce obstinée » pour rien !

Sur la photo ci-dessous figurent, de gauche à droite, Marie Louise FORTASSIER née DULAU, Roger LABORDE, Joseph FORTASSIER et Raymonde FORTASSIER.

La maison Brie à Orthevielle en 1950

[1] Couvent de Largenté à Bayonne : ensemble scolaire sous tutelle des Ursulines implanté depuis octobre 1920 sur les hauteurs du quartier Marracq.

[2] Pour les moniales, membre des ordres religieux catholiques chargé principalement des travaux manuels et des affaires séculières d’un monastère.

[3] Une vierge consacrée est une femme qui a été consacrée à Dieu par l’évêque diocésain selon un rituel très ancien: «la consécration des vierges». Sa fonction première est la prière.

Crédit photos : Philippe LABORDE