La famille DUPORTUNE

La famille DUPORTUNE

Tout commence par la naissance mystérieuse de Marie OPPORTUNE le 21 avril 1781 à Bayonne.
Née de parents inconnus, elle fut présentée à l’Hospice de Bayonne à la réquisition de Mr
DUBROCQ menée par la veuve LAMARQUE, sage-femme. Elle fut baptisée par le curé DARRALDE
puis donnée une première fois en nourrice le 28 août 1781 à Jeanne DELMAS de Bayonne puis le
20 décembre à Anne POULIT de Saint Martin de Hinx (40) chez laquelle elle fut bien traitée.

25 ans plus tard, on la retrouve pour une raison inconnue incarcérée dans la Maison de Correction
de Bayonne où elle accouche le 7 mai 1806 à 19 h de Michel Dominique DUPORTUNE déclaré le
8 mai 1806 à 11 h par Catherine DAUPHINÉ sage-femme de 34 ans domiciliée à Bayonne. Le
père est inconnu. Dans la famille, il est raconté que lors de son conseil de révision Michel
Dominique aurait eu la possibilité de connaître l’identité de son géniteur. Il aurait refusé car celui ci
ne s’était jamais occupé de lui.
Michel fut mis en nourrice chez Catherine DAMESTOY épouse de Jean LAHITETE laboureur
métayer à la métairie du Bousquet appartenant à Mr BOLLEN de Sames.
Michel Dominique habitera Hastingues où il se mariera le 20 février 1829 avec Marie ROGER dite
Marianne née le 8 juillet 1809 à Sames (64) et domiciliée à Hastingues, fille mineure d’Antoine
ROGER et de Gracie BIPHOS.
Ils auront six filles et un garçon tous nés à Hastingues. Une des filles restera célibataire. Les
autres enfants seront à l’origine des branches MAISONNAVE(Guiche et Bidache),
BRIVET(Hastingues et Orthevielle), DUPORTUNE(Hastingues), DUBOUÉ(Sorde, Oeyregave et
Orthevielle), DASQUET(Oeyregave), ROGÉ(Saint Lon Les Mines et Orthevielle).
– Gracie Dominique dite Justine eut 8 enfants, Vincent, Marie, Marie, Charles, Marie Louise, Marcelline, Marcelline et Pierre.
– Justine dite Marie resta célibataire, elle fut placée toute sa vie dans de bonnes familles à Bayonne, Saint Jean de Luz et s’est retirée à Hastingues dans sa famille.
– Marie dite Cadette eut 2 filles, Marie dite Louise mariée à Jean DULAU à Hastingues et Jeanne dite Marie mariée à Jacques dit Eugène HAYET à Orthevielle.
– Charles eut 4 enfants, Marie, Bertrand, Louise et Michel.
– Marie dite Marcelline eut 8 enfants, Bertrand, Marie, Jean, Charles, Marie, Jeanne Marie, Jean Henri et Germaine.
– Gracie, mariée à Martin DASQUET, n’aura pas d’enfant. Son mari meurt accidentellement en gare de Puyoo en descendant du train à contre voie pour aller acheter son journal.
– Justine dite Célestine ou aussi Catherinette aura 7 enfants, tous nés à Orthevielle, Jean Prosper, Marie, Bernard, Suzanne dite Germaine, Henri, Julia dite Mathilde et François dit Henri.

Marie OPPORTUNE se présenta à l’Hospice de Bayonne le 10 juillet 1823 pour déclarer qu’elle
était à même de se marier et pour réclamer son acte de naissance.
Le mariage eut lieu le 12 août 1823 devant Thimotée LACHAPELLE maire de SAINT ESPRIT.
L’heureux élu fut Louis de TULIER, 43 ans manoeuvrier natif de DOGNEN(64) et fils de Jean de
TULIER et Marie de PEREUIL.

Nous n’avons pas retrouvé les actes de décès du couple.
Michel DUPORTUNE fut un contrebandier notoire. Il avait dressé son chien à l’avertir discrètement de la présence de la maréchaussée ou des douaniers embusqués le long des sentiers pyrénéens de contrebande. Il mourut le 26 novembre 1875 à Arthous à l’âge de 69 ans, son épouse Marie disparut le 1er mars 1892 à l’âge de 83 ans. Leurs enfants décédèrent en 1870(Gracie Dominique), en 1905(Justine dite Marie), en 1903(Marie dite Cadette), en 1930(Charles), en 1923(Marie dite Marcelline), en 1912(Gracie), en 1931(Justine dite Célestine).

Crédit photo : Philippe LABORDE

Raymonde, la douce obstinée

Raymonde, la douce obstinée

Raymonde

Raymonde à 18 ans

Raymonde FORTASSIER est née le 12 Juillet 1925 à Orthevielle, maison « Brie ». Son frère jumeau, Jean Raymond, meurt quatre jours plus tard de la maladie Bleue. Très bonne élève, elle suit sa scolarité à Orthevielle et obtient son certificat d’études haut la main en 1937. C’est avec un immense chagrin qu’elle quitte l’école. Elle fait sa communion le 15 Août 1937. A l’écoute de tous, son travail est désormais à Brie : seconde maman et soutien des anciens. Mais son rêve secret est de devenir missionnaire en Afrique. Sa vocation est née depuis bien longtemps. Possibilité est d’intégrer une congrégation, à Pau ou Ustarritz qui lui permettrait de réaliser son vœu sans bourse déliée pour les siens. Hélas, la situation familiale à Brie est alors difficile : sa mère Marie Louise est malade, hospitalisée et il y a tant de responsabilités à la ferme ! Lorsque les circonstances s’apaisent, l’abbé SOTERAS fait pression sur Raymonde pour qu’elle parte à Largenté à Bayonne[1] où elle pourrait s’occuper d’enfants…Raymonde accepte tout en sachant qu’elle se trompe. La veille de ce départ pour le couvent, elle fait ses adieux à l’abbé CAMIADE d’Hastingues qui essaie encore de la convaincre de poursuivre son rêve, qu’il est encore temps…

AU COUVENT DE LARGENTÉ A BAYONNE

Mais Raymonde a donné sa parole et le 3 Juillet 1944 au matin, elle part seule avec sa petite valise et prend le train pour Bayonne à la halte d’Orthevielle. La prise de voile a lieu le 3 janvier 1945. Devenue sœur Anne Marie, elle est désormais sœur converse[2], s’occupant des tâches domestiques(jardin, vaisselle, cuisine) et soins apportés aux religieuses âgées. Une hiérarchie impitoyable régit le couvent : Raymonde y perd sa santé(elle n’a pas accès aux enfants bien sûr) et quitte Largenté avant de prononcer ses vœux perpétuels(vers 1947-1948) tout en gardant sa foi.

DE RETOUR DANS SES LANDES NATALES

Le retour au village est difficile : le regard du monde est sévère. Elle n’a plus trop sa place à Brie car sa sœur Odette va s’y marier(mais n’y restera pas). Elle s’occupe alors de la catéchèse à Orthevielle, se forme pour être diplômée. Raymonde travaille à Saint Vincent de Paul lorsque les institutions d’enfants d’Indochine sont rapatriées. Elle suit des formations avec notamment un séjour dans le Loiret auprès des gitans ; puis enseigne à l’Ecole des Sœurs à Hastingues(au tournant des années 50 à 60) où elle est très heureuse et appréciée de tous. A Moliets elle s’occupe d’enfants dans le cadre de la colonie de vacances Magenta. Elle assure aussi la catéchèse à Peyrehorade auprès des tout petits vers 1960. Puis l’occasion se présente de rentrer aux Colibris à Labatut. C’est alors qu’elle se forme et passe avec succès son diplôme d’éducatrice et son permis de conduire.

Raymonde à 49 ans

Raymonde à 49 ans

DE RETOUR A BRIE

Vers 1967, elle est recrutée à Anglet au Nid Basque, maison pour enfants handicapés, qu’elle quitte en 1981-1982 lorsque la santé de Marie Louise se détériore. Désormais, c’est le retour à Brie où elle soigne ses parents jusqu’au bout, tout en étant très active au sein de la paroisse. Fin décembre 1994, elle entre dans l’Ordre des Vierges Consacrées, ordre dans le monde qui aide et visite les personnes âgées[3] . Raymonde se donne sans compter, s’occupe de l’église et du catéchisme et, au fil des années, passe peu à peu le relais. Placée en maison de retraite en 2014, suite à une chute, elle résiste encore une dernière fois et nous quitte le 6 Septembre 2019. L’abbé DUBOURDIEU ne l’appelait pas la « douce obstinée » pour rien !

Sur la photo ci-dessous figurent, de gauche à droite, Marie Louise FORTASSIER née DULAU, Roger LABORDE, Joseph FORTASSIER et Raymonde FORTASSIER.

La maison Brie à Orthevielle en 1950

[1] Couvent de Largenté à Bayonne : ensemble scolaire sous tutelle des Ursulines implanté depuis octobre 1920 sur les hauteurs du quartier Marracq.

[2] Pour les moniales, membre des ordres religieux catholiques chargé principalement des travaux manuels et des affaires séculières d’un monastère.

[3] Une vierge consacrée est une femme qui a été consacrée à Dieu par l’évêque diocésain selon un rituel très ancien: «la consécration des vierges». Sa fonction première est la prière.

Crédit photos : Philippe LABORDE